Le 5 décembre, Communautique assistait à l’atelier intitulé « Sociofinancement et financement innovant » organisé par le projet Columbus.
Une vingtaine de personnes, dont la grande majorité du milieu de la production de films, ont participé à cette conversation introduite et animée de façon très dynamique par Ianik Marcil, économiste indépendant, que Communautique avait notamment invité à intervenir lors de l’école des Communs le 3 novembre dernier.
Après une mise en contexte de ce nouveau mode de financement participatif par Bruno Boutot et Ianik Marcil, nous avons pu bénéficier de la synthèse de l’étude que le Fonds des Médias du Canada a faite sur le sujet. Pour compléter la démonstration, notons la présence des fondateurs et animateurs des plateformes de sociofinancement du Québec (Haricot, Cuban Hat) et de la France (Touscoprod) ainsi que des producteurs et réalisateurs (en fait, surtout des productrices et réalisatrices) qui avaient eu recours à ces techniques de financement.
Les points forts de la présentation de Ianik ont été confirmés par les études de cas qui passaient en revue autant des succès que des échecs de financement de nouveaux projets. Ils ont aussi corroboré les intuitions et premiers résultats que nous vivons déjà dans nos pratiques et nos propres projets. Et c’est toujours bon de l’entendre de la part d’un expert.
Le sociofinancement 101
En bref : ce n’est pas le projet (produit ou production) que nous voulons réaliser qui est au centre du sociofinancement, mais bien la communauté des contributeurs elle-même. La plateforme de sociofinancement devient une interface communautaire et pour que cette communauté de valeurs partagées reste le véritable porteur du projet, il faut l’animer, l’alimenter et la garder vivante en utilisant une panoplie d’outils et méthodes dont les outils du web qui prennent une place importante.
Le temps (« ce grand bâtisseur » disait Yourcenar) est central dans la démarche. Si le message (le pitch) de présentation se doit d’être court et clair dès le départ, le projet s’inscrit ensuite dans la durée et fonctionne de façon itérative en faisant appel au premier cercle des contributeurs les plus proches qui se font eux-mêmes les ambassadeurs du projet et attirent de nouveaux commoners qui seront à leur tour les pourvoyeurs et promoteurs du projet. Durant tout ce processus, l’animation doit demeurer constante en sachant se renouveler et s’adapter au contexte mouvant de la communauté en expansion.
À la question de l’interculturalité et de la faisabilité de sociofinancement de projets internationaux, il a été répondu que la culture du sociofinancement est encore jeune et la collaboration entre plateformes au niveau global en est encore à ses balbutiements. La bonne nouvelle est que cette culture du partage et des communs se répand à une vitesse exponentielle et que nous pouvons y contribuer par nos pratiques.
Exercice de francisation
En passant, on apprenait que le terme même de sociofinancement a été créé par Haricot l’un des pionniers Montréalais dans le domaine. On les en félicite. Le terme de crowdfunding ne se dit plus qu’en anglais et en « français de France ». Il nous faudrait maintenant faire preuve d’inventivité pour concocter des termes pour commoning,commoners et autres pitch.
À noter : Columbus devrait faire un retour de cet atelier sous peu sur leur site. C’est à suivre!