Montréal, le 19 octobre 2004 – Communautique a réussi son pari d’élargir le débat entourant le projet de gouvernement en ligne et de démontrer le dynamisme des milieux communautaires en réunissant, le 14 octobre dernier, plus de 80 intervenantes et intervenants des milieux communautaires, privés et paragouvernementaux au cours d’une journée de réflexion ayant comme enjeu principal les enjeux du projet de gouvernement en ligne pour les milieux communautaires et les populations défavorisées.
Le député de Verdun et adjoint parlementaire au Premier ministre, Monsieur Henri-François Gautrin, a ouvert la discussion en présentant les grandes lignes de son rapport sur le gouvernement en ligne rendu public en juin dernier. Ce dernier s’est montré ouvert aux points de vue des intervenants. Il a par ailleurs encouragé les groupes issus des milieux communautaires à suivre de près le développement du gouvernement en ligne.
La directrice générale de Communautique, Madame Monique Chartrand, a rappelé aux participantes et aux participants que malgré l’informatisation croissante de la société, la fracture numérique s’accentue pour les personnes à faibles revenus, moins scolarisées, handicapées et plus âgées. « Avec le projet de mise en place d’un gouvernement en ligne, l’accès aux technologies devient un élément supplémentaire de lutte à la pauvreté et à l’exclusion » a signalé Madame Chartrand.
La démocratie en ligne, les espoirs et les doutes qu’elle suscite, a été au cœur de cette journée riche en réflexions et en débats, notamment par le biais des interventions de Michel Cartier, du Département de communication de l’UQAM, de Jean-Claude Guedon, de l’Université de Montréal, de Christian Giguère, du Centre de développement pour l’exercice de la citoyenneté, de Jean-François Aubin, d’ÉCOF-CDEC de Trois-Rivières et de Catherine Roy, consultante en accessibilité Web.
Le gouvernement s’est vu interpellé à prendre le leadership pour donner accès à l’ensemble de la population et ce, au même titre que Loto Québec a les moyens d’essaimer ses équipements électroniques et du fait que la large bande est « largement » disponible pour être partagée dans une volonté réelle de développement socio-économique. Une analogie avec les routes du Québec a permis de comprendre comment l’accès aux autoroutes de l’information favorise l’économie et les communications dans notre société.
L’actuel projet en développement du gouvernement en ligne a par ailleurs été critiqué du fait de son fonctionnement hiérarchique qui repose sur le pouvoir d’une personne plutôt que sur des bases davantage démocratiques. La place des jeunes tant pour leur intérêt et habiletés à occuper ce nouvel espace civique que pour leurs capacités grandissantes de soutenir ses développements dans une perspective de développement des logiciels libres a donné des pistes concrètes à explorer. Les enjeux du gouvernement en ligne pour les personnes handicapées ont suscité tout un émoi face au développement en cours et démontré tout le chemin que le gouvernement devra parcourir pour rendre accessible ses sites Web à plus d’un million de personnes handicapées au Québec.
Un appui considérable est venu de la part du Comité aviseur pour l’action communautaire autonome alors que son coordonnateur, Daniel Lamoureux, déclarait lors de sa conférence « Si le mouvement de l’ACA (représentant 4000 organismes communautaires) encourage l’avènement d’un gouvernement en direct, s’il le favorise et participe à sa conceptualisation et à sa mise en œuvre, il incombe au gouvernement de prendre les mesures propres à réduire cette rupture numérique qui se profile à l’horizon avec plus d’acuité encore. Il lui faut, sans tarder, doter les groupes communautaires des moyens technologiques et éducatifs aptes à combler le fossé qui les sépare déjà de la partie la plus dynamique de la société civile ». Monsieur Lamoureux a par ailleurs donné son appui à la Plateforme québécoise de l’Internet citoyen.
De nombreuses recommandations et pistes d’action ont émané de cette journée dont l’importance de s’assurer de la participation des représentantes et représentants des groupes communautaires aux instances stratégiques de développement du gouvernement en ligne, de s’ouvrir un débat public sur la démocratie en ligne et de s’assurer de ne pas marginaliser davantage les populations qui ont le plus besoin des services de l’État.