Le jeudi 28 janvier 2016, le laboratoire de fabrication numérique de Communautique, l’échoFab, comme tous les derniers jeudis du mois, a ouvert ses portes aux citoyens qui font le choix écologique et économique de réparer certains objets plutôt que de les jeter.
Depuis le printemps 2015, Communautique en collaboration avec le réseau des Ruches d’art organise un atelier de réparation collective, le Repair Café, inspiré des pratiques européennes. Gratuit et accessible à tous, le Repair Café met à la disposition des visiteurs un éventail d’outils: des technologies de pointe telles que des imprimantes 3D, une machine de découpe laser, des instruments de bricolage de tout calibre et finalement, la compétence des visiteurs et l’accès à l’Internet.
C’est l’amour des vinyles et de la bonne vieille musique qui a amené Amélie et Sébastien à l’échoFab. Sans beaucoup d’espoir, ils ont apporté deux amplificateurs, dont un âgé de plus de 20 ans, qui ne marchaient plus très bien. Ils ne savaient pas exactement ce qui causait le problème. À l’échoFab, ils ont rencontré Carlos, un étudiant mexicain passionné de génie mécanique en stage à Montréal. Enthousiaste, Carlos a accepté le défi. Il a vérifié toutes les soudures, en quête de court-circuit et des câbles déconnectés. Quelques heures plus tard, il a donné une deuxième vie à l’amplificateur plus vieux et il a expliqué comment réparer l’autre. « Dans ma famille, c’est moi qui répare tout, je connais bien les cellulaires, mais c’était ma première expérience avec l’appareil audio. C’était assez complexe d’identifier un court-circuit, mais j’y suis parvenu et j’en suis très fier! » Quant à Amélie et Sébastien, ils ont beaucoup apprécié son aide et des connaissances qu’ils ont tirées de cette rencontre. « Je suis très contente et je sais maintenant comment cela fonctionne! » a admis Amélie.
Selon le cofondateur de Fab Labs Québec, Guillaume Coulombe, les rencontres qui se font dans le cadre d’un Repair Café contribuent à l’enrichissement mutuel des usagers de divers profils. Cette mixité des provenances est d’autant plus précieuse quand cela conduit à un projet commun, par exemple, quand les artistes croisent les ingénieurs et chacun bénéficie de l’entraide « Quand on s’expose à l’autre on s’expose à être transformé. On peut être inspiré et cela peut changer la vie favorablement ».
Ainsi, échoFab devient « un lieu d’appartenance qui permet aux gens qui ne se connaissaient pas il y a 30 minutes, de faire partie d’un projet et d’intégrer la famille internationale des makers », unie par la charte des Fab Labs [http://www.echofab.org/fr/la-charte-des-fab-labs/], a lancé la directrice de Communautique, Monique Chartrand.
Des femmes makers : briser des stéréotypes
Pierre est venu à l’échoFab avec l’espoir de réparer une imprimante grand format de la gamme imagePROGRAF de Canon. « Je fais partie d’un club informatique Linux Atomic, cette imprimante m’a été donnée pour la faire recycler et j’ai demandé sur un forum s’il y avait quelqu’un qui pourrait m’aider à la réparer ou fournir des pièces, on m’a proposé alors de contacter Communautique. » Deux femmes se sont portées volontaires pour épauler Pierre, dont la designer-technologue Phonesavanh Thongsouksanoumane, présidente d’AgoraLab et Rachel Chainey, coordonnatrice du réseau Ruches d’art.
« Le Repair Café est une bonne interface pour briser les stéréotypes des rôles traditionnels des genres qui se perpétuent et faire en sorte que des connaissances circulent de façon plus fluide et que les femmes puissent prendre les devants pour réparer les choses et s’approprier la technologie », a souligné Rachel Chainey qui a réalisé des réparations variées depuis la création du Repair Café, notamment la soudure sur une bague et l’impression 3D d’un nouveau capuchon pour l’objectif de sa caméra.
Les efforts conjoints de l’équipe du Club Linux Atomic et des femmesmakers impliquées ont permis d’identifier le problème, soit le blocage de la tête d’impression, et d’envisager les solutions. L’imprimante envoyait constamment le message « Erreur, changer les cartouches ». Toutefois, il était hors de question d’acheter les six cartouches à 200$ chacune, si la tête était irréparable. Il fallait trouver un moyen de sortir la tête le plus délicatement possible afin de la nettoyer. « Après avoir trouvé le manuel en ligne, nous avons réussi à extraire la tête et à la nettoyer avec l’alcool, il est non corrosif et se sèche vite. Mais mon hypothèse est que le nettoyant pour vitre et surfaces dures tel que Windex serait encore plus efficace. Ensuite, il va falloir remplir les cartouches d’ancre et l’on espère que cela va fonctionner », a expliqué Phonesavanh.
Tous les participants sont partis satisfaits et comptent participer de nouveau au prochain Repair Café qui aura lieu le 25 février. Monique Chartrand espère que ces rencontres favoriseront, chez les citoyennes et les citoyens, la prise de conscience de leurs propres capacités et feront de la surconsommation une anticulture.